Publication du 5è baromètre sur la perception des discriminations au travail
Mercredi 26 Janvier, le Défenseur des Droits et l'OIT présentait le 5è baromètre CSA sur la perception des discriminations au travail : regard croisé salarié du privé et agents de la fonction publique.
Dans cette 5è édition, deux focus ont été réalisés : un sur le handicap (souvent perçu comme un sujet conseensuel, confirmé par les résultats du sondage), et un sur l'orientation sexuelle (une première et dont les résultats sont intéressants quant à la perception par les salariés et agents).
Les principaux enseignements de cette étude sont les suivants :
La lutte contre les discriminations dans le domaine du travail demeure un sujet important aux yeux des salariés du privé et des agents de la fonction publique.
Une proportion non négligeable de salariés et d’agents déclare avoir été confrontée concrètement aux discriminations : plus d’un quart des salariés et agents ont le sentiment d’avoir déjà été victimes de discrimination dans le cadre de leurs activités professionnelles et plus d’un tiers en ont été témoins.
En outre, la tendance (observée au cours du baromètre 2010) au rapprochement du ressenti des agents de la fonction publique de celui des salariés du privé sur le sujet des discriminations est confortée, signe que la fonction publique est de moins en moins perçue comme protectrice.
Par ailleurs, le sexe et la maternité sont les deux critères des discriminations vécues qui progressent le plus au cours de cette vague.
Enfin, le niveau des discriminations ressenties en tant que victime ou témoin est en légère baisse depuis la vague précédente, les répondants imputant peut-être au contexte économique les difficultés ressenties, plus qu’à des comportements discriminatoires.
- La lutte contre les discriminations dans le monde du travail continue à être massivement perçue comme un enjeu important par 98% des agents et 97% des salariés du privé.
- Plus d’une personne interrogée sur quatre (26% des agents de la fonction publique et 28% des salariés du privé) déclare avoir déjà été victime de discrimination dans le cadre du travail. Des chiffres stables dans le secteur public et en baisse dans le secteur privé (-5 points par rapport à décembre 2010).
- Bien qu’en baisse, la proportion d’individus témoins d’une discrimination demeure à un niveau élevé : 34% dans la fonction publique (-8 points) et 38% dans le secteur privé (-6 points)
- Le sexe et la grossesse / maternité deviennent les premiers critères de discrimination cités par les victimes, avec l’âge pour les salariés du privé.
- Les témoins de discrimination citent pour leur part le critère du sexe, l’origine ethnique, l’apparence physique, les activités syndicales et l’âge pour le privé.
- L’auteur le plus fréquemment cité des discriminations vécues et observées reste le supérieur hiérarchique direct.
Face à une discrimination dont ils sont victimes ou témoins, de plus en plus de salariés du privé ne réagissent pas ou se taisent : 42% (+ 11 points ; contre 29%, - 2 points pour les agents). Lorsqu’ils prennent la parole, leurs principaux interlocuteurs sont les représentants du personnel ou d’un syndicat, dans le secteur public, et la direction, dans le secteur privé.
- Les représentants du personnel ou les syndicats sont toujours jugés comme efficaces pour défendre les salariés et les agents publics confrontés à une discrimination sur leur lieu de travail (à 75% pour la fonction publique et à 61% pour le secteur privé).
- 92% des agents de la fonction publique et 88 % des agents du privé estiment par ailleurs que les mesures visant à lutter contre les discriminations au travail doivent être discutées dans le cadre du dialogue social avec les représentants du personnel/les organisations syndicales de leur structure.
- En termes de solutions, l’ensemble des personnes interrogées approuvent aussi bien les mesures visant à garantir l’égalité des chances dans l’accès à la fonction publique que celles visant à lutter contre les discriminations à l’embauche. Les deux populations placent avant tout la juste évaluation des compétences au coeur de ces mesures.
Focus sur le handicap
- Les initiatives en faveur de l’emploi des personnes handicapées, bien qu’elles ne soient pas toujours connues sur le lieu de travail (37% pour le secteur privé et 42% pour la fonction publique), recueillent une large adhésion de la part des salariés (97%) comme des agents (96%). Cela s’explique notamment par le fait que plus d’une personne interrogée sur deux déclare avoir, dans son entourage professionnel, des personnes reconnues travailleurs handicapés. Le fait de faire connaître son handicap à son entourage professionnel est ainsi perçu par la majorité des personnes interrogées comme contribuant à la bonne intégration au travail et au bien être de l’individu concerné.
- Agents publics et salariés du privé s’accordent massivement pour condamner tout acte discriminatoire d’un employeur adressé à un individu, du fait de son handicap.
Focus sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre
- En ce qui concerne l’orientation sexuelle, les personnes interrogées sont partagées quant à l’opportunité de dévoiler son homosexualité à son entourage professionnel. Si l’ensemble des personnes sondées perçoivent vraisemblablement cette question comme relevant davantage de l’ordre privé, une proportion non négligeable d’entre elles observe également que ce dévoilement n’a parfois pas été sans conséquences sur les conditions de travail des personnes concernées : les sondés estiment que ces personnes sont ensuite en butte à des difficultés pour exercer leurs fonctions du fait de leurs collègues de travail (que ce soit pour le secteur public : 17% ou privé : 13%) ou de la Direction (10% pour les salariés du privé).
- Les personnes interrogées condamnent largement les comportements discriminatoires à l’égard d’un agent ou d’un salarié homosexuel.
- Salariés du privé et agents de la fonction publique sont très largement favorables à toute mesure prise en faveur du respect du choix des personnes transsexuelles, après leur passage de l’état d’homme à celui de femme ou de l’état de femme à celui d’homme (utilisation du prénom choisi par la personne transsexuelle, changement de présentation du salarié…).
- Ils considèrent massivement que les comportements discriminatoires qu’un employeur pourrait avoir à l’égard d’un individu transsexuel sont très graves ou assez graves. Ainsi 85% des agents du secteur public et 78% des salariés du secteur privé trouvent grave ou très grave que l’employeur refuse de modifier les coordonnées professionnelles (civilité et prénom) là où elles apparaissent (répertoire téléphonique interne, badge…)