Les roux, des boucs émissaires?
Depuis toujours, les roux font l'objet des pires moqueries. Avec Internet et les réseaux sociaux, le phénomène s'amplifie.
Le roux, pris pour cible? Le dernier exemple en date est le clip de la chanteuse sri lankaise MIA. Dirigé par Romain Gavras (fils de Costa), le court-métrage fait froid dans le dos et a déjà été censuré par Youtube. Pendant 9 min, on y voit des militaires traquer des roux jusqu'à les amener à courir sur un champ miné. Le clip vise à dénoncer les discriminations et le racisme. Pas sur que les roux apprécient.
Seuls 5 % des français seraient roux. Ils suscitent bien plus souvent des moqueries que les blonds et les bruns. Les hommes seraient davantage la cible de ces attaques, notamment dans leur jeunesse. Sur Facebook, David témoigne: "Pour les roux comme moi, le vrai problème commence dès l'enfance. On a tous subi une sorte de discrimination morale voire physique...". Cette pensée anti-roux peut parfois prendre des proportions considérables. En décembre 2009, des enfants américains âgés d'une douzaine d'années, des "gingers", terme désignant une personne rousse aux tâches de rousseur, ont été agressés physiquement dans l'enceinte de leur collège. L'accident semblait "avoir été provoqué, selon la police, par l'épisode d'un dessin animé "South Park" où un personnage décrit les rouquins comme des êtres "sans âme" et "diaboliques"", rapportait le Figaro. Leurs agresseurs auraient été encouragés par une page Facebook invitant à frapper un enfant rouquin.
Le Net, par l'intermédaire des blogs, forums et autres groupes Facebook, déborde de commentaires sur les roux. Des remarques tels que "pas de bol, je compatis", ou "t'inquiète t'es pas tout seul" leurs sont régulièrement adressés. La couleur de cheveux devient ici une tare.
Des groupes "pro-roux"
Sur Facebook, les groupes se multiplient pour "soutenir", ou au contraire, discriminer les roux. Il n'est pas rare de se voir inviter à rejoindre certains d'entre eux, moqueurs et parfois fondés sur des jeux de mots douteux. Exemples: "quand je vois un roux je me sens dé-roux-té", "mettre des bâtons dans les Roux pour les faire tomber!". Le "club anti-roux", lui, est ouvert à "tout ceux qui renient les roux" et appelle à venir "les dénigrer en grand nombre".
Pour se défendre, les vrais roux, ont eux aussi créé des groupes où ils invitent à s'unir contre de telles provocations. Dimitri, membre du groupe "Pour ceux qui aiment les roux" appelle au rassemblement et "cherche à faire valoir une loi au même titre que la discrimination raciale. On parle toujours de la discrimination via la couleur de peau mais jamais de ce que vivent les roux. Marre de la discrimination, non au roussisime!" clame-t-il.
Le fait d'être roux peut aussi être perçu comme un atout. Certains s'enthousiasment à l'idée de cultiver leur différence. C'est le cas de Damien 23 ans, interrogé par slate.fr. Il avoue aimer sa couleur de cheveux: "ça me donne un style. Moi je le cultive, je m'habille de façon assez colorée, presque excentrique". Mais il concède "qu'avant 20 ans ça a été dur. C'est pendant l'enfance et l'adolescence, quand tu voudrais ressembler à tout le monde et te fondre dans la masse que c'est dur. J'ai essayé de me teindre les cheveux, mais ça ne marchait pas et je me suis dit que j'allais devoir vivre comme ça le reste de ma vie."
source : L'Express