Le Ramadan, une épine dans le pied des organisateurs de centres de vacances et de loisirs ?

Publié le par Eligi Formation

En début de semaine, les médias relayaient cette nouvelle affaire concernant la pratique du Ramadan dans les centres de vacances. Comme à leur accoutumé, les médias ont évoqué les centres de vacances pour traiter d'un fait divers. Combien de cenrtes ne connaissent aucun problème, où tout se passe bien dans le respect de chacun ?

Mais là n'est pas la question, du moins pas complètement.

L'affaire de Gennevilliers révèle une nouvelle fois l'incapacité de nombreux employeurs à traiter la place de religion dans le cadre du travail, en général, et dans le domaine de l'animation en particulier.


Rappel des faits

Suite à la visite du responsable du service jeunesse de Gennevilliers dans un centre de vacances, celui-ci a suspendu le contrat de travail de trois des animateurs et un directeur-adjoint du séjour car ils jeûnaient. Or, dans leur contrat de travail, l'article 6 stipule l'obligation de "s'hydrater et s'alimenter correctement". Le responsable du service a appliqué le contrat de travail.

La polémique qui s'en est suivi concerne la légalité de cet article. Car, le fond du problème est le suivant : est-il compatible de travailler dans l'animation - qui est une activité fatigante physiquement et nerveusement - tout en faisant le Ramadan ? Pour la mairie de Gennevilliers, la réponse est non.

La Mairie s'appuie sur un fait divers qui s'est déroulé deux ans auparavant où une animatrice aurait eu un accident de voiture, avec des enfants ayant eu des blessures, suite à un malaise car elle jeûnait. Suite à cet événement tragique, la Mairie a décidé de se protéger et protéger les enfants en obligeant les animateurs à s'alimenter.

 

Analyse

Suite aux multiples réactions, la Mairie de Gennevilliers a décidé ce matin de revenir sur sa décision. Choix, à mon sens sage, car leur vision du travail aurait très bien pu être considérée comme discriminatoire vis-à-vis des musulmans. Le Défenseur des Droits et le tribunal administratif auraient sûrement donné raison aux animateurs.


Pourquoi ? L'animation est une activité volontaire ou professionnelle très prenante physiquement et nerveusement. L'évolution législative a conduit de nombreux organisateurs à privilégier la sécurité physique et affective des enfants (les médias jouant le rôle de catalyseur en n'évoquant les centres de vacances qu'à travers les faits divers).

Depuis, 2010, le Ramadan se déroule durant la période des vacances d'été. Le public animateur étant varié, il y a une partie de cette population qui est de confession musulmane, dont certains revendiquent le droit de faire le Ramadan tout en faisant de l'animation. Il ne faut pas oublier que d'autres animateurs musulmans préfèrent ne pas travailler pour faire leur Ramadan et enfin certains préfèrent travailler plutôt que de faire le Ramadan.

Alors comment faire face à cette situation lorsque l'on est organisateur de centre de vacances ? L'obligation de sécurité des enfants est une chose mais l'est également auprès de l'équipe d'animation. La question du Ramadan n'est qu'un révélateur d'une problématique générale sur le rythme de vie et de travail des animateurs.

 

Proposition de solution

Alors comment faire pour ne pas discriminer les musulmans d'une part, mais en même temps poser des règles de travail commune à l'ensemble de l'équipe d'animation ?

Pour ma part, en tant que directeur, voici ma démarche :

- j'accepte par principe qu'un(e) animateur(rice) fasse Ramadan pendant le séjour, pour ne pas discriminer en amont.

- j'échange avec cet(te) animateur(rice) sur ses capacités physiques et lui rappelle que je me dois d'assurer sa sécurité dans le travail.

- en réunion de préparation, j'impose un ensemble de règles de travail pour l'ensemble des adultes présents avec un article écrit ainsi : " être en capacité physique et mentale d'assurer la sécurité physique et affective des enfants".

- ce règlement est expliqué et signé par l'ensemble de l'équipe.

 

Cette démarche fonctionne plutôt bien parce que je ne stigmatise personne en particulier, contrairement à la Mairie de Gennevilliers qui fait référence indirectement au Ramadan. Cela me permet d'être vigilant vis-à-vis des animateur(rice)s effectuant le Ramadan mais aussi auprès des animateur(rice)s qui se couchent trop tard le soir car ils font la fête chez eux, par exemple.

 

En conclusion, depuis trois ans, j'ai eu plus à faire des remarques animateurs un peu trop fêtards qu'aux animateurs effectuant leur Ramadan.

 

Pour aller plus loin

Etude sur la mise en oeuvre du principe de laïcité dans l'animation, Eligi Formation, 2011

Publié dans Laïcité

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F
Ramadan season is considered as an off-season for countries whose main revenue is tourism. During that period, there will be less number of visitors and many hotels, tourist places etc will not work. Thanks for sharing more details on this topic.
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