EasyJet dans le collimateur de la HALDE pour discrimination en raison du handicap

Publié le par Eligi Formation

L'histoire remonte à fin Mars lorsque Marie-Patricia Hoareau, 38 ans, une Niçoise devenue tétraplégique à l’âge de 19 ans, à la suite d’un accident de VTT, embarque sans problème à bord de son vol de retour Paris-Nice. « A l’aller, tout s’était déroulé normalement. Je prends l’avion trois fois par an avec easyJet et je n’avais jamais eu le moindre souci », précise la jeune femme.


Les choses se compliquent une fois qu’elle s’installe à bord : « A ma grande surprise, le chef de cabine vient me voir pour m’expliquer que je ne pouvais pas prendre le vol parce que je n’avais pas d’accompagnateur. » Marie-Patricia tombe des nues. Un passager — commandant de bord chez British Airways — propose alors de lui servir d’accompagnateur. « Mais cela n’a pas été suffisant : il aurait dû enregistrer ses bagages avec les miens pour pouvoir jouer ce rôle. » Marie-Patricia se fait finalement sortir manu militari de l’appareil : « Le personnel au sol est venu me chercher, ils m’ont portée en dehors de l’avion. » Un souvenir douloureux pour la jeune femme, qui a toujours mis un point d’honneur à être autonome : « Cela m’a vraiment chamboulée. »


Combative, elle décide de ne pas en rester là : elle alerte la Halde, qui réagit immédiatement. « Nous avions déjà été saisis pour une affaire similaire concernant easyJet », explique-t-on au siège de la haute autorité. Et de poursuivre : « A de nombreuses reprises, nous avons mis cette compagnie en demeure de nous fournir des explications. Ils n’ont jamais donné suite. La procédure en référé que nous avons lancée va nous permettre d’avoir accès à leurs documents ». Une version contestée par easyJet, qui affirme être « prêt à répondre ». La compagnie explique que, si elle a dû évacuer Marie-Patricia, c’est pour des raisons de sécurité : « Nous avons l’obligation de respecter des règles de sécurité très strictes. En cas de problème, nous devons évacuer tous les passagers en quatre-vingt-dix secondes », affirme ainsi le directeur général d’easyJet dans « la Croix ».


Des arguments qui laissent la Halde circonspecte : « Si la personne en fauteuil est autonome, cette explication ne tient pas. » Et de dénoncer au passage le flou de la jurisprudence en la matière. Les discriminations liées au handicap représentent la deuxième cause de saisine de la Halde, derrière celle de l’origine.

 

Source : Le Parisien, La Croix

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